300 km d'une traite


Rando vélo Lévis-Rimouski en une journée

"Tu vas regarder les prévisions météo cette semaine?", me lance Louise au souper. Je prends son iPad et lui montre le site de prévisions maritimes que je vais alors consulter. Il indique pour chaque localité la direction et la force prévues des vents. Oh, oh, le lendemain s'annonce la journée idéale! 30km/h avec rafales à 40 le matin, du sud-ouest. Et c'est ainsi jusqu'à Rimouski. Je regarde plus loin dans les prévisions et rien d'aussi favorable. Je décide donc que ce sera... demain! Quelques achats de dernière minute et dodo de bonne heure.

Un rêve (fou?) qui me trottait dans la tête, depuis le début de mes voyages vélo à Rimouski. Faire en une seule journée ce que je fais habituellement en deux. Comme je m'étais rendu à l'Ile-Verte lors de mon premier voyage, en vélo hybride et avec bagages, j'estime qu'un vélo de route (cyclotouriste) sans bagages me permettra de le faire sans problème en une journée. Plusieurs sont sceptiques, surtout au bureau, mais je suis confiant. Je prévois une moyenne de 30 km/h, pour un bon 10 heures de pédalage.

Ma conjointe Louise m'accompagnera en voiture, m'attendant à la sortie de chaque ville ou village, avec boissons énergisantes, barres tendres etc. C'est d'ailleurs elle qui a noté la progression dans un journal de bord, sur son fameux iPad... Sans elle je ne suis pas certain que je me serais risqué dans cette aventure. Un gros merci donc, belle Louise.

Cette fois-ci pas le temps pour les photos (sauf celle du haut); priorité au défi! Pour voir des photos d"une autre randonnée, voir Québec-Rimouski 2006.

06h45 - Départ de Lévis

Je voulais débuter la randonnée au début de la piste cyclable des Anses, dans le secteur Saint-Romuald de Lévis. La piste est belle et lisse et ça m'aurait permis de me réchauffer. Je rate la bonne sortie sur l'autoroute et on se retrouve au centre-ville de Lévis (complexe Desjardins). Je décide donc de partir de là. Décision regrettable car la chaussée y est abominable pour un vélo de route, les pneus gonflés à bloc. Mon cou va aussi le regretter plus tard... Mais bon, c'est le départ pour la grande randonnée.

07h10 - Beaumont

Là où j'ai passé tous les étés, âgé entre 5 et 18 ans. La journée est magnifique. Je fais des pointes de 45 km sur le plat. Les descentes des côtes sont enivrantes.


07h30 - Saint-Michel

Je pédale tellement vite qu'il m'arrive de le faire dans le vide. Il me manque définitivement "une ou deux vitesses". Techniquement, il me faudrait moins de dents sur ma ou mes plus petites roues à pignons. Mais bon, c'est si grisant!


07h40 - Saint-Vallier

C'est toujours une belle section du voyage. Soleil matinal, belle bande cyclable, pas de fatigue perceptible...

07h56 - Berthier

Je rencontre un cyclotouriste, un vrai, avec bagages, à contre-vent...

08h30 - Montmagny

Première étape stressante. Circulation locale, piste cyclable discutable (en fait je demeure dans sur la route). C'est habituellement mon premier arrêt santé mais, aujourd'hui, je n'en sens pas le besoin. Mais c'est une épreuve vite passée...

09h00 - Cap-Saint-Ignace

Une partie de la route est franc nord, si bien que le vent me frappe de côté. Je suis bousculé par les bourrasques. Je fais demi-tour pour voir à quoi ça ressemble, dans l'autre sens. Oh là là, ça serait l'enfer! Revenons dans la bonne direction! Toujours entre 35 et 40 km/h.

09h20 - L'Islet

C'est dans ce village que lors de la dernière tentative ma roue avant est tombée dans un trou "invisible", parce que confondu avec l'ombrage d'un arbre. J'avais dû arrêter mon périple à Rivière-du-Loup à cause d'un violent mal de cou. Je me méfie donc et porte extrême attention à mon passage dans ce lieu, fort typique par ailleurs.

09h35 - Saint-Jean-Port-Joli

Pavage plutôt "accidenté", pas de véritable bande cyclable, mais c'est pas trop long. Heureusement.

09h55 - Saint-Roch-des-Aulnaies

Après une belle lancée sur une bande cyclable idéale, mauvaise surprise : travaux sur la 132 sur 5 km. Il nous faut passer par un détour et rouler sur un chemin déformé, gravelé. Je m'y engage avec le vélo. Comble de malchance, un tracteur à chenille y a laissé des empreintes sur lesquels vibrent les roues, jusque dans mon cou... qui, à la sortie du village, commence à se plaindre.

10h15 - La Pocatière

Depuis la dernière fois que je l'ai empruntée, je ne passe plus par la piste cyclable aménagée entre Saint-Rock et Rivière-Ouelle. Très belle piste, permettant de demeurer près du fleuve, mais elle se termine par un long chemin gravelé, peu invitant pour les vélos autres que de montagne. J'opte donc toujours pour la 132.

10h40 - Rivière-Ouelle

J'approche de la moitié de mon trajet. Petits élancements derrière les genoux mais pas plus grave que ça. Le temps se couvre. Pas grave, j'suis pas là pour les photos! Et c'est moins chaud dans les côtes (c'est bien beau le vent dans le dos mais quand on monte une côte on ralentit et on se retrouve à rouler à la même vitesse que lui, donc pas de vent! On ralentit alors pour donner prise au vent!)

11h15 - Saint-Denis

Seul village à ne pas avoir de bande cyclable. Et la chaussée à l'ouest est terrifiante pour un vélo de route, parsemée de crevasse plus ou moins régulières qui deviennent assommantes à la longue. Cependant, à la sortie de ce village qui ne semble pas vouloir se faire beau: le Kamouraska, un paysage merveilleux sur une bande cyclable presque parfaite.

11h35 - Kamouraska 

Nous décidons d'y faire halte pour le dîner. Deux heures d'avance sur mon dernier essai, alors que j'avais arrêté le périple à Notre-Dame-du-Portage parce que le vent avait viré de bord. Les prévisions l'avaient... prévu, mais au cas où... Nous dînons sous un arbre et je me tape ma sieste habituelle de 30 minutes. On repart à 12h45.

13h15 - Saint-André

Ça roule bien. Trop bien. Je pédale beaucoup trop vite. Je me concentre pour revenir à mon rythme naturel, ce qui donne entre 33 et 35 km/h, mais me voilà encore et toujours à près de 40... Je redescends à 30-33 et c'est comme dans du beurre!

13h45 - Notre-Dame-du-Portage

Quelle magnifique vue sur le fleuve. Mais encore des travaux. Je fais une partie du trajet sur le trottoir! Petite pause à la sortie est. Il commence à faire frais, ajout d'une camisole.

14h30 - Rivière-du-Loup

Abordée avec appréhension, la traversée se fait sans trop de mal. Il faut juste savoir sur quelle rue tourner pour éviter la butte du centre-ville.

14h50 - Cacouna

Surprise! La chaussée a été complètement rénovée. Bande cyclable partout. Yé!

15h20 - L'Ile-Verte

Nous choisissons la halte municipale pour une pause santé et photo. En quittant ce beau village, je calcule un peu dans ma tête et, hé oui, j'ai battu mon record de 2006 : plus de 220 km en une journée!

16h15 - Trois-Pistoles

Encore une belle côte, après la "Tobin" (Rivière Trois-Pistoles). Peu après la fromagerie, je remarque une voiture comme celle de Johanne. Tout d'un coup que ça s'rait elle! Elle est bonne celle là; à la sortie du village, Louise me dit l'avoir rencontrée (j'avais même pas remarqué ma propre voiture non loin), et elle nous attend pour souper!

Il faut expliquer. Johanne et moi nous nous rencontrons à chaque année depuis la fin de notre BAC. Je lui avais annoncé mon projet et elle m'avait, comme toujours, offert le couvert et le gîte en conséquence. N'ayant pu la rejoindre avant mon départ, je lui ai laissé un message téléphonique et un courriel. En voyage dans le coin de Trois-Rivières, elle a pris mon courriel et est venue chez-nous, au cas où nous ne serions pas encore partis. Puis elle a continué vers le Bas-Saint-Laurent. Elle dit m'avoir dépassé à la sortie de l'Ile-Verte. C'est à Trois-Pistoles qu'elle a vu Louise et s'est arrêtée pour confirmer l'invitation. Tout un "addon"!

16h50 - Saint-Simon

C'est une partie un peu monotone. Il faut dire que je suis un peu lassé. Pas trop fourbu ni fatigué, mais "tanné". Louise m'attend à la sortie, j'arrête pour prendre une autre bouteille de jus. En partant je remarque que mon miroir est brisé. J'arrête mais mon pied droit demeure coincé sur la pédale et je chute. Fort heureusement sans conséquence, sauf sur l'inquiétude de Louise... Probablement que la marche dans le gravier des routes en rénovation n'ont pas aidé.

17h25 - Saint-Fabien

Je visualise ce qu'il me reste à parcourir. Le plaisir revient. Dans la côte à "Gendreau", une fois la première partie, dégradée, passée, je me laisse aller. 65 km/h, ma vitesse maximale du défi!

18h00 - Bic

Puis, c'est le panorama incomparable du havre du Bic, vue par l'ouverture de l'estuaire de la rivière Sud-Ouest. En haut de la côte du Bic, je rassure Louise en lui promettant de m'arrêter au panneau officiel de l'entrée de la ville de Rimouski. Elle y tient à son vieux! Il ne me reste donc que quelques kilomètres!

18h15 - Arrivée à Rimouski

Louise m'attend à un panneau, mais ce n'est pas le bon! Quelques coups de pédales supplémentaires et voilà! Défi relevé. Fatigué mais satisfait. J'aurais bien aimé poursuivre jusqu'à Pointe-au-Père, par la merveilleuse piste cyclable du littoral, mais une promesse c't'une promesse... On embarque le vélo et direction chez Johanne pour un souper, comme toujours, fort agréable. Merci Jojo!


Bilan

10 heures de pédalage (plus les pauses, le dîner et la sieste, ça fait 11 heures), 30 km/h de moyenne, en plein ce que j'avais prévu. Musculature des jambes sensible mais pas trop endolorie. Mal de cou au lever le surlendemain. Mal au bras gauche (il a peut-être absorbé quelques chocs de trop). Récupération presque complète deux jours plus tard (j'en profite pour démonter la piscine!). Il me restera une sensibilité au cou, séquelle fort probable d'une randonnée en vélo de montagne une semaine auparavant. Pour le reste, tout est OK. Et je certifie que les selles ergonomiques au gel sont d'une efficacité étonnante!

L'articulation des jambes était inhabituellement sensible. Je crois que c'est dû à mon super pédalage du début de trajet, alors que je moulinais beaucoup plus rapidement que mon rythme naturel. À 60 ans, toute exagération a des conséquences! Il m'aurait donc fallu une ou deux vitesses de plus (pignons moins dentés). J'aurais alors pu rouler près de 40 km/h pendant tout le trajet (sauf dans les côtes!), sans efforts... ou presque! C'est à prévoir pour mon prochain défi. Oups, Louise a pas l'air d'accord...