DESTINATIONS
par Maxime Gélinas

Destinations pour s'éloigner du goudron

LA PISTE DANSEREAU

À l'ombre de la Route Verte

VÉLO

Les premières pelletées de pierre concassée ont été déposées sur le tracé de la Route Verte il y a maintenant plus de dix ans. Dans l’imaginaire de quelques exaltés du vélo se dessinaient alors des voies cyclables parcourant le Québec de bout en bout. Aujourd’hui — une décennie plus tard et, surtout, 2 300 km plus loin —, si l’on répond de plus en plus « Ah, oui, la Route Verte ; je connais », de nombreux tronçons et embranchements qui s’en détachent restent encore plutôt discrets. C’est le cas, par exemple, de la piste Dansereau. , parce que...

Située à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de la ville de Québec et attachée à la piste Jacques–Cartier/Portneuf par une courte liaison via la route 367 (courte, mais qui se trouve gonflée par une plantureuse montée), la piste Dansereau est un régal pour l’œil et le pédalier. Étroite, elle est généreusement enveloppée par les branches des mélèzes, des pins et des épinettes. Même par jour de grand soleil, elle conserve une certaine fraîcheur et les conifères laissent traîner dans l’air leur haleine tiède parfumée de résine. D’une taille relativement modeste (30 km, aller retour), timidement vallonnée et légèrement sinueuse, elle a tous les atours pour combler une envie de promenade tranquille et insouciante.

Le tracé de terre qui s’étend entre Sainte– Catherine–de–la–Jacques–Cartier et Pont–Rouge court le long des berges de la rivière Jacques– Cartier. En de nombreux endroits, les cyclistes peuvent d’ailleurs faire une pause et aller se chauffer l’épiderme sur les étendues de rochers plats qui s’avancent dans les eaux agitées. Auparavant, seule une poignée de connaisseurs se frayaient un chemin dans les bois afin d’atteindre les quelques segments de rive ensablée. Mais à compter de cette année, des sentiers vont clairement mener à ces oasis.

En prenant le départ depuis le chalet Dansereau, du côté de Pont–Rouge, on atteint en quelques minutes les vestiges d’une installation centenaire de sciage. Toujours debouts, les fragments de murs érigés avec d’énormes pierres enserrent la piste et c’est à travers une brèche que passent les cyclistes. Ces remparts aux airs de moyen-âge qui abritaient auparavant les activités du moulin Dansereau–Lazure ne servent plus aujourd’hui que de point d’ancrage pour les lichens. Des touffes de mousse ainsi que quelques arbres ayant réussi à glisser leurs racines dans les fissures s’y accrochent également.

Le parcours traverse un environnement au visage changeant. Ainsi, après une section jonchée d’aiguilles de pin, le sentier s’ouvre sur des landes couvertes de hautes herbes avant de replonger dans les bois pour ensuite revenir sur les bords d’un étang bardé de quenouilles et de ouaouarons. Cette piste en continuel mouvement se laisse apprécier paisiblement. Les virages sont nombreux mais, surtout, les douces inégalités du relief sur lequel elle est posée et qui vous poussent d’une petite butte à l’autre sans jamais vous faire grimacer en montée, donnent à la piste Dansereau un profil agréablement roulant.

Derrière les troncs et les branches, la rivière se laisse souvent apercevoir. Tout au long du tracé, des aires de repos invitent les randonneurs à prendre la journée mollo. Gagné par l’appel de l’un de ces bancs, les deux pieds au sol et le bruit du souffle se butant contre les tympans enfin calmé, on peut entendre les harmonies entonnées par les remous de la Jacques–Cartier.

À l’extrémité nord de la piste, une large étendue gazonnée attend les paniers de pique-nique et la poupe des cyclistes. Sur l’eau, des kayakistes peuvent souvent être aperçus apprenant des manœuvres ou s’échauffant avant d’aller faire un peu de rodéo d’eau vive. Également offert aux regards : des panneaux arborant différents poèmes. C’est que la municipalité de Sainte–Catherine a choisi de mettre en valeur le patrimoine littéraire en guise d’honneur à Anne Hébert et à Saint–Denis Garneau, respectivement auteur et poète qui ont puisé leur inspiration dans les panoramas de la région. Officieusement, la piste Dansereau est également connue par les gens du coin sous le nom de la Liseuse, toujours à titre d’hommage à l’écrivaine.

Après un bain de pied dans la Jacques–Cartier, on enfourche de nouveau son vélo afin d’entamer le retour.

Infos PRATIQUES

Pour s’y rendre : Autoroute 40 Ouest (ou route 138), sortie 281, puis suivre les panneaux. Intermédiaire. Si, une fois à l’extrémité nord de la piste Dansereau, vous souhaitez ajouter encore quelques kilomètres à vos carnets, gagnez la Route Verte et roulez en direction ouest, vers Rivière–à–Pierre. Pas terriblement difficile, mais relevant d’un cran l’effort à donner par une suite de faux plats, parfois descendants, parfois montants, dont certains s’allongent suffisamment pour miner le moral. Une autre possibilité serait de s’offrir un duo vélo-grimpette car un mur d’escalade de près de 22 m a été installé du côté de Portneuf, près du chalet Dansereau.

Expérimenté. Au bout de la piste Dansereau, toujours au nord, prenez la liaison menant à la Route Verte et optez pour la direction est (vers Québec). À partir de Shannon, la tendance est de plus en plus à la descente. Ce qu’il y a de difficile, c’est qu’il faut ensuite remonter. Ceci ne constitue pas un exténuant défi, mais ce peut être suffisant pour vous cailler un peu les ischio-jambiers.

Note : Le centre de plein air Dansereau, une fois ses pistes enfouies sous les flocons, devient une station de ski de fond. Une seule de ses pistes demeure ouverte aux vélos au cours de la saison estivale ; les embranchements menant aux autres étant alors clôturés. Au cours de l’été 2002 cependant, ces clôtures devraient s’ouvrir aux vélos tout terrain et leur accorder un peu plus d’une quinzaine de kilomètres de sentiers. Au cours des prochains mois, on devrait également voir apparaître des panneaux d’interprétation, notamment aux abords des ruines du moulin Dansereau–Lazure.

Info : Centre de plein air Dansereau (418) 873–2817

Tiré en avril 2002 de :
http://www.espaces.qc.ca/version3/article.asp?article=239